Mérous et corbs : des espèces à protéger, absolument !
Le mérou brun, et le corb,poissons emblématiques de Méditerranée, ont bien failli disparaître de nos côtes, victime de la chasse sous-marine. Fort heureusement, plongeurs passionnés et scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme à temps. En 1993, un moratoire a été instauré qui interdit la chasse sous-marine et la pêche à l’hameçon.
Mais ce moratoire n’est pas définitif : il doit être reconduit tous les 10 ans, pour le mérou , et 5 ans pour le corb, par arrêté préfectoral. A chaque échéance, il est systématiquement remis en question par les chasseurs sous-marins. Pourtant, toutes les études sont unanimes : depuis 1993 ans, le mérou revient peu à peu. On revoit des jeunes sur toutes les côtes. Dans les réserves, les comptages sont sans appel : le moratoire, ça marche ! Mais ce lent retour est fragile… Les 20 années de moratoire pourraient être balayées en quelques coups de fusil harpon si la chasse était ré-ouverte.
Le corb, dont on parle moins, est lui aussi devenu extrêmement rare . Autrefois abondant, ce poisson plutôt indolent est une cible facile pour les chasseurs sous-marins. Longitude 181 s’est alliée aux autres ONG et chercheurs pour demander sa protection. Depuis 2013, le corb est protégé par un moratoire qui sera reconduit tous les 5 ans, lui aussi par arrêté préfectoral.
Reconduction / Extension du moratoire pour le corb
Depuis 2013, le corb bénéficie d’un moratoire qui interdit sa chasse sous-marine sur le littoral français de la Méditerranée. Il était temps, car ce poisson emblématique a bien failli disparaître ! Peu farouche, il était une cible facile pour les chasseurs sous-marins. Mais ce moratoire, décidé par arrêté préfectoral, ne dure que 5 ans. Il a expiré en décembre 2018, mais a é été finalement reconduit alors qu’il commence à peine à porter ses fruits ! On recommence à voir quelques corbs, mais ils sont rares. Pour que cette mesure soit efficace, il FAUT DU TEMPS. Le moratoire, entré en vigueur en janvier 2013, expirera en décembre 2023, bien avant d’avoir permis à la population de se reconstituer…Il est donc INDISPENSABLE DE RECONDUIRE LE MORATOIRE. 5 ans, c’est bien trop court !
Consultez notre playdoyer pour la protection du corb !
Si, aujourd’hui, on rencontre le mérou hors des réserves où se trouvaient les rares survivants, c’est parce que la chasse sous-marine au mérou est interdite depuis 1993, depuis 25 ans ! Les mérous sont petits, mais présents. C’est un succès formidable !Une mesure de protection n’est efficace que dans la durée.
Pourquoi les mérous sont-ils très sensibles à la chasse sous-marine ?
Mérou et corb sont des poissons territoriaux, faciles d’approche. Ce sont les proies par excellence des fusils harpons : une fois repéré le trou dans lequel le mérou s’abrite, il suffit d’attendre patiemment qu’il en sorte. Au pire, on pourra le tirer à bout portant au fond de son refuge. Les plus gros individus sont donc rapidement éliminés par les amateurs de trophées. Lles mérous ont deux particularités qui les rendent très vulnérables : le poisson grandit lentement (il est adulte vers 10 ans !) et change de sexe au cours de sa vie. Les jeunes adultes sont femelles, les vieux sont mâles. Bilan, si l’on élimine tous les gros mérous, on élimine les mâles. Plus de mâles, plus de reproduction, donc plus de renouvellement de la population qui s’effondre.
Le corb est tout aussi vulnérable car de nature indolente et très accessible au chasseur puisqu’il habite à faibles profondeurs. Ce beau poisson à la chair délicate est vite devenu une cible emblématique.
Parce qu’ils ont un petit nombre de jeunes, une reproduction tardive et une croissance lente, mérou et corb ne peuvent pas renouveler assez vite leur population pour « compenser » les prélèvements répétés d’une chasse sous-marine qui ne leur laisse pas de répit.
Que dit le moratoire ?
Instauré en 1993, le moratoire a d’abord interdit la pêche sous-marine du mérou brun puis, à partir de 2002, la pêche à l’hameçon. Reconduit tous les 5 ans, il correspondait à une règlementation établie par des arrêtés préfectoraux différents dans les trois régions méditerranéennes : PACA, Languedoc-Roussillon et Corse.
En 2013, le moratoire a été plus harmonisé dans les 3 régions et surtout étendu à d’autres espèces :
- A côté du mérou brun (Epinephelus marginatus), 4 autres espèces de mérou sont protégées : la badèche (Epinephelus costae), le mérou gris (Epinephelus caninus), le mérou royal (Mycteroperca rubra) et le cernier (Polyprion americanus).
- Le corb(Sciaena umbra) bénéficie enfin d’une protection.
- La durée d’application du moratoire passe de 5 à 10 ans pour les mérous ; elle est fixée à 5 ans pour le corb.
Mais les dispositions varient d’une région à l’autre.
La reconduction du moratoire en 2013, grâce à la mobilisation de Longitude 181 et de nombreuses ONG, grâce au soutien de plongeurs et chercheurs, a permis un grand pas en avant : non seulement la protection du mérou brun a été prolongée, mais le moratoire protège aussi le corb et 4 autres espèces de mérou ! Avancée importante : en 2013, la durée du moratoire pour les mérous passe de 5 à 10 ans ; pour le corb, elle est fixée à 5 ans. Enfin, le moratoire répond aux obligations de la France qui a signé les conventions de Berne et de Barcelone, dans lesquelles corb et mérou brun sont classés à l’Annexe III, qui demande la plus haute protection pour ces espèces. Il est aussi en accord avec les rapports de l’IUCN qui ont classé le mérou brun « espèce en danger » et le corb « espèce vulnérable ».
Pour le mérou brun, la badèche, le mérou gris et le mérou royal : l’interdiction s’applique :
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- à la pêche à l’hameçon de loisir et à la pêche sous-marine, en PACA, Languedoc-Roussillon et Corse
- à la pêche commerciale, uniquement en PACA et Languedoc-Roussillon
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Pour le cernier, l’interdiction s’applique à la pêche sous-marine seulement dans les 3 régions : PACA, Languedoc-Roussillon et Corse.
Pour le corb, l’interdiction s’applique à la pêche à l’hameçon de loisir et à la pêche sous-marine dans les 3 régions : PACA, Languedoc-Roussillon et Corse
La pêche commerciale à l’hameçon du cernier et du corb est donc toujours ouverte en Corse…
Comment agir ?
Suivez les conseils de la :
- Demandez aux restaurateurs comment sont pêchés les produits de la mer qu’ils proposent, et quels accords ils ont avec les pêcheurs locaux
- Ne consommez pas de mérou, en France et dans tous les autres pays méditerranéens, pour ne pas entretenir la pêche : c’est souvent la demande des touristes qui induit la surpêche
- Prenez le temps de discuter et d’expliquer la situation des mérous et du corb autour de vous : c’est souvent la méconnaissance des espèces et des règlementations qui entretient la surpêche
Pour en savoir plus :
- Pour le maintien des décrets sur les mérous et le corb signés en décembre 2013
- Arrêtés signés pour le moratoire Mérous PACA 2013
- Arrêtés signés pour le moratoire Corbs PACA 2013
- Arrêtés signés pour le moratoire Mérous Corse 2013
- Arrêtés signés pour le moratoire Corbs Corse 2013
- Tout savoir sur le corb l’Institut océanographique Paul Ricard N°12
- Article d’Apnéa sur le Corb 2013, pdf (5,6 Mo)
- le site du GEM Groupe d’Etude du Mérou
- Document Synthétique GEM Mérous et corbs – mars 2013 (pdf 1,9 Mo)
- Marginatus 2013-2014 la revue du GEM
- Tout savoir sur le mérou brun Site du GEM
- Evolution des abondances de la pêche artisanale depuis 35 ans – Juin 2018- JM Culioli
- Arrêté du 20 décembre 2018 sur la pêche du corb (Sciaena, umbra) dans les eaux maritimes de Méditerranée continentale
- Arrêté du 20 décembre 2018 sur la pêche du corb (Sciaena, umbra) dans les eaux territoriales autour de la Corse