Point de situation en Nouvelle-Calédonie
Prévue de longue date, une conférence sur le thème “Des requins et des hommes” a été animée par notre délégué régional, Aurélien Lalanne, mardi 30 avril, avec le soutien de la délégation académique à la culture scientifique et technique et du Cresica (consortium de coopération pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Nouvelle-Calédonie).
D’autres actions de ce type étaient prévues en Nouvelle-Calédonie en 2024, mais les actualités locales depuis le mois de mai en ont décidé autrement.
Une scolarité difficile à maintenir
En présentiel devant une classe du collège de Boulari (Mont-Dore), notre délégué régional a échangé pendant plus d’une heure en visio avec des collégiens et lycéens de toute la Nouvelle-Calédonie, sur les interactions entre les hommes et les requins, d’un point de vue scientifique, associatif, touristique, économique, culturel et législatif. Mais début juin, le collège Boulari a été incendié.
Plusieurs écoles ont été partiellement ou totalement détruites, alors que l’année scolaire battait son plein (elle s’étend de février à décembre sur place). Autant d’écoliers qui ne bénéficieront pas d’une année d’apprentissage normale ni de sensibilisation à la protection du milieu marin.
La voix de l’océan elle aussi menacée
La Nouvelle-Calédonie est plongée depuis mi mai dans une profonde crise politique, sociale, économique et sécuritaire.
Après deux mois de tensions, ayant coûté la vie à 10 personnes, la situation sur place n’est toujours pas rétablie. Si l’aéroport a rouvert ses portes il y a 3 semaines, des barrages perdurent et la compagnie aérienne locale peine à garder la tête hors de l’eau. A l’heure actuelle, le couvre-feu est toujours de rigueur.
Dans ce contexte, notre délégation locale peine à faire entendre la voix de l’océan, et en particulier celle des requins, qui passe tristement au dernier plan face aux problématiques actuelles.
Pourtant, l’année 2024 avait bien commencé en Nouvelle-Calédonie pour les requins.
La constitution de la nouvelle délégation calédonienne de Longitude 181 allait nous permettre une représentativité sur place, gage de légitimité, qui nous a parfois manqué dans les dossiers outre mer.
Par ailleurs, après plusieurs années moribondes pour les requins du “Caillou”, régulièrement massacrés depuis 2016 (relire ici notre article de décembre 2021), le 16 janvier dernier, la cour administrative d’appel de Paris a statué sur la légalité du retrait du statut d’espèces protégées des requins tigres et bouledogues par la province Sud. Le dernier jugement rendu est venu conforter le statut d’espèces protégées de ces deux espèces, annulant le précédent jugement rendu par le tribunal administratif de NC (relire ici notre article de janvier 2024).
La Province Sud s’étant pourvue en cassation, le jugement n’a pour l’heure pas encore été rendu par la cour suprême française.
Au regard de la situation de crise actuelle, il parait peu vraisemblable que le sort des requins soit désormais une priorité sur place, et nous nous attendons à une année 2024 très pauvre en actualités sur le front de la préservation de l’océan calédonien.
Comment espérer cohabiter avec les autres vivants, les animaux marins, et en particulier avec les requins, si nous ne sommes pas à même de nous entendre entre nous, humains, en dépit de nos nuances et nos singularités ?
Nous appelons de nos voeux le retour à une situation d’équilibre entre les communautés calédoniennes, afin qu’elles puissent retrouver un peu de paix et d’harmonie dans le vivre ensemble.
Photos : Aurélien Lalanne, délégué Longitude 181 en Nouvelle Calédonie
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