Un droit d’existence pour l’étoile de mer !
Des milliers de créatures vivantes ne rentrent jamais dans les statistiques, elles ne sont jamais sur les bureaux des ministres, et ne comptent pas plus que la boue et les cailloux dans un filet de pêche. Elles sont RIEN.
A quand un droit d’existence pour l’étoile de mer, pour chaque créature vivante ?
100 nouvelles espèces découvertes au large du Chili
Agence de Presse ce 22 février : « 100 nouvelles espèces découvertes au large du Chili par une équipe de scientifiques internationaux… » Formidable ! Ou simplement normal ? L’océan est si mal connu que la probabilité de ne pas découvrir de nouvelles espèces au cours d’une expédition est quasi nulle. Ces 100 espèces viennent s’ajouter aux 250.000 espèces déjà décrites et, selon les experts du Census of Marine Life [1] , aux millions d’autres que l’on ne connaît pas encore.
[1] Census of Marine Life : 2,700 chercheurs de plus 80 nations ont mené en commun 540 expéditions pendant 10 ans (2000-2010) pour faire le bilan de ce que l’on sait sur la vie marine.
Quel statut pout ce petit crabe fantôme ?
Quelle considération aurons-nous pour ces 100 nouvelles espèces ?
Cette découverte pose 2 questions :
La première : Peut-on prétendre connaître une espèce lorsque l’on décrit son cadavre au laboratoire ? Pour connaître un être vivant, ne faut-il pas le voir VIVRE dans son milieu naturel. Ne faut-il pas l’accompagner longtemps pour percevoir la richesse de ses interdépendances avec les autres vivants et avec le milieu ? Pourtant ce n’est le cas d’aucune créatures marines… même pas celles que nous avons décrites, il y a bien longtemps, et que nous devrions donc bien connaître. Au mieux, avons-nous les informations nécessaires à leur exploitation.
Ce qui nous amène à la deuxième question :
Quelle considération allons-nous avoir à l’égard de ces 100 espèces nouvelles (nouvelles pour la science, pas pour les autres espèces qui sont en relation directe avec elles depuis toujours) ? Oui, quel statut pour ces espèces ? Ressources exploitables ? ou insignifiants sans valeur ? Car le problème de fond est là, ces espèces que nous venons de découvrir vont se retrouver jugées-gérées à l’aune du statut que nous allons leur attribuer.
Le poisson pourra être reconnu pour sa valeur marchande, les autres animaux ne sont que “décor” inutile
Une centaine d’espèces reconnues, et les autres ?
Il y a la première catégorie : “espèces ressources exploitées”, que l‘on gère au moins mal pour leur faire rendre gorge au maximum.
Il y a la deuxième catégorie : “captures accessoires”, qui correspondent aux dégâts collatéraux des engins de pêche non sélectifs comme le chalut de fond. Ces captures, que l’on regrette d’avoir détruites, sont les juvéniles des poissons commerciaux qui-auraient-pu-avoir-une-valeur-plus-tard, ou quelques espèces emblématiques, dauphins, tortues… une centaine d’espèces au plus.
Et les autres ? Les centaines de milliers d’autres espèces, comme celles que l’on vient de découvrir et, qui pour un jour, sont mises sur le devant de la scène ? Les éponges, gorgones, crabes, ophiures, holothuries, oursins, étoiles de mer, elles ne rentrent dans aucune catégorie. Elles sont RIEN !
RIEN ! Elles n’existent pas. Aussitôt découvertes, aussitôt « néantisées ». En effet, ces espèces ne rentrent pas dans le « registre comptable » des exploitants des ressources marines. Dans leurs filets, il n’y a que les captures cibles et les captures accessoires qui masquent la fange auquel le reste du vivant est associé.
Tortue caouanne prise dans un filet de pêche
c’est une “capture accessoire”
A quand de l’égard pour l’étoile de mer,
un droit d’existence pour chaque créature vivante ?
Les autres vivants et nous-mêmes, les humains, sommes partenaires de vie, parce que nous avons co-évolué et que nous sommes liés, de près ou de loin, par les interdépendances qui tissent la toile du vivant. Pour penser préserver cette diversité vivante, dont nous faisons partie et dont nous dépendons, il faut d’abord la reconnaître et la nommer. Il faut nécessairement prêter attention à chaque créature, pour avoir des égards ajustés – comme le dit si merveilleusement bien le philosophe Baptiste Morizot – il faut de l’égard, lui reconnaître une existence.
Ce sont ces espèces, qui n’apparaissent dans aucune statistique, qui ne sont sur le bureau d’aucun ministre et ne sont pas mieux prises en compte que la boue et les cailloux, à qui l’association Longitude 181 veut rendre justice en leur donnant un « Droit d’existence » pour que, ensemble, humains et non-humains puissent cogérer notre patrimoine commun, l’Océan.
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