Du requin à la cantine ?
Du “requin à la sauce épicée” servi dans la cantine d’un collège public : comment une espèce protégée peut-elle se voir servie dans l’assiette de nos chères têtes blondes ?
Vous avez peut-être suivi ce mois-ci l’intérêt soudain des médias pour un évènement qui s’est déroulé dans un collège du Doubs : du requin peau bleue, espèce présente sur la liste rouge de L’UICN, a été servie à la cantine de cet établissement, sous l’intitulé de “requin à la sauce épicée”. Le requin peau bleue est une espèce “quasi menacée” au niveau international et français, et même “en danger critique d’extinction” en Méditerranée.
Le requin, souvent absent des étiquetages
Mais comment une espèce protégée peut-elle se retrouver sur l’étal d’un poissonnier et même dans l’assiette d’une cantine scolaire ? Un paradoxe lié au fait qu’une espèce, même en danger d’extinction, peut être commercialisée si elle a été pêchée accidentellement et ce de façon tout à fait légale ! C’est d’ailleurs une pratique bien plus fréquente que ce que l’on peut croire.
Les requins sont particulièrement concernés : leur chair bon marché, tendre et sans arrête, au goût neutre est facile à préparer, et donc très prisée des restaurations collectives de cantine scolaire, d’EHPAD ou de restaurants d’entreprises.
A savoir, la chair et les ailerons de requins ne bénéficient pas du même engouement, et sont des denrées économiquement très différentes ! Revendus très chers, les ailerons de requins sont majoritairement exportés en Asie. L’Europe est un des principaux fournisseurs de ce marché (45% en 2020, source IFAW 2022). Dans ce contexte, Longitude 181 demande, aux côtés de l’initiative européenne Stop Finning de mettre fin au commerce des ailerons en Europe.
La chair de requin, roussette, peau-bleue, requin-taupe, requin-mako, requin-Hâ… est également commercialisée ou proposée aux menus sous d’autres noms, tels que “saumonette”, “veau ou chien de mer”, “émissole”, “saumon de roche”… ou plus simplement encore “poisson en sauce”, afin de camoufler au consommateur qu’il s’agit de requin, moins vendeur.
Quand il s’agit de requin, le consommateur est rarement bien informé sur ce qui se trouve réellement dans son assiette; batônnés de surimi, boulettes de poissons, plats préparés de la mer… des préparations alimentaires qui peuvent potentiellement contenir du requin en l’absence de mentions contraires.
Une consommation non sans risques pour la santé…
Un réel problème car, en plus de contribuer à la diminution des populations de requins, la consommation de cette viande a des conséquences sur notre santé : les requins étant de grands prédateurs en haut de la chaîne alimentaire, ils accumulent dans leurs chairs métaux lourds, microplastiques et autres toxines ingérés par toutes les espèces situées en dessous d’eux dans la chaîne trophique (les métaux lourds se fixent prioritairement sur les protéines par bioaccumulation, en particulier dans les masses musculaires).
In fine, c’est le consommateur qui, en ingérant cette chair, se retrouve être le dernier maillon de la chaîne, stockant à son insu ces substances par bioamplification.
…Et non sans risques sur l’état des populations de requins
60% des requins pélagiques, dont le requin peau bleue fait partie, sont aujourd’hui en danger d’extinction.
Victimes essentiellement de la surpêche ciblée mais aussi des captures accessoires, en particulier opérées par la pêche industrielle, les effectifs sont en chute libre. La pêche artisanale ainsi que la pêche sportive et celle de loisir ne font malheureusement pas plus de bien aux populations.
Surveillez votre consommation et interpelez vos commerçants
Face à cette hécatombe, vous n’êtes pas impuissant : si vous observez de la vente de requin en magasin, poissonnerie, cantine ou restauration collective ou traditionnelle, n’hesitez pas à interpeler les commerçants et gestionnaires en vous appropriant les arguments présentés dans la campagne “Pas de requins dans mon assiette”, ou à nous contacter sur l’adresse mail programme.requin (at) longitude181.org afin que nos bénévoles puissent prendre le relais.
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