Trafic de civelles : Longitude 181 se porte partie civile
LONGITUDE 181 entame une action en justice, à la suite de la révélation d’un trafic de grande ampleur de civelles (alevins de l’anguille d’Europe) entre la France et l’Asie. L’anguille, espèce protégée, est interdite à l’exportation hors UE depuis 2010. Son braconnage a explosé. Il met en danger critique d’extinction une espèce déjà menacée par la surpêche, alors qu’elle était autrefois si abondante dans les fleuves qu’elle en était classée nuisible….
De “nuisible”, tant elle était abondante, à “en danger critique d’extinction”
Dans les années 1960, l’anguille d’Europe était si abondante qu’elle était considérée comme nuisible : il était vivement recommandé de la pêcher pour limiter sa pullulation !!!! Depuis les années 2000, les populations d’anguille d’Europe sont dans un état si préoccupant (surpêche et pollution) que, en 2007, elles figurent sur la Liste Rouge IUCN des espèces menacées. En 2009, elles se retrouvent inscrites à l’annexe II de la CITES (interdiction du commerce international) et, en 2010, interdites à l’exportation hors UE. Malgré tout, la demande reste si forte qu’un important et lucratif trafic de civelles (jeunes anguilles) s’est mis en place entre la France et l’Asie. Il achève de placer l’espèce au bord de l’extinction
Un vaste trafic de civelles démantelé
En juin, la gendarmerie nationale a annoncé le démantèlement d’un réseau entre la France et l’Espagne, après 4 ans d’enquête. 9 mareyeurs et intermédiaires français ont été mis en examen en septembre 2019, suivis des gérants espagnols d’une société de transport ainsi que l’une des têtes du réseau en 2021.
Ce réseau est suspecté d’avoir exporté entre la France et l’Asie plus de 46 tonnes de civelles qui se vendent jusqu’à 4000 €/kg, soit 10 fois fois plus cher en Asie qu’en France !
Longitude 181 se porte partie civile
En conformité avec ses statuts et les actions menées dans le cadre des Droits de l’Océan, Longitude 181 se porte partie civile dans cette affaire qui concerne une espèce qui relie Terre et Océan, puisque ce poisson migrateur naît dans les Sargasses, traverse l’océan Atlantique et remonte dans les fleuves d’Europe.
Cette action se réalise dans le cadre du 3ème volet des activités du programme Droits de l’Océan : informer sur l’exercice des droits, en dénoncer les carences, agir pour défendre l’Océan.
Affaire à suivre …
En savoir plus :
l’article de presse dans Le Monde et le résumé repris ci-après :
Le Monde
“Un vaste trafic de civelles estimé à 18,5 millions d’euros démantelé en France”
20 Minutes
“Trafic d’espèces protégées : Un réseau qui a exporté pour 18,5 millions d’euros de civelles démantelé”, publié le 11/06/21
- Un réseau de trafic de civelles, une espèce protégée, a été démantelé et a donné lieu à une dizaine d’interpellations en France et en Espagne.
- Le réseau aurait exporté 46 tonnes de ces alevins d’anguille pour un bénéfice estimé à ce jour à 18,5 millions d’euros.
- Une coopération internationale a été nécessaire pour mener à bien cette opération qui a nécessité quatre ans d’investigations.
La demande pour la civelle européenne a explosé dans le Sud-Est asiatique, après la quasi-disparition de l’anguille asiatique liée à sa surpêche. Profitant de cet appétit, un réseau de trafiquants a exploité le filon pendant des années exportant vers l’Asie 46 tonnes de civelles pour une valeur de 18,5 millions d’euros. Il vient d’être démantelé et a abouti à la mise en examen d’une dizaine de personnes, en France et en Espagne, a annoncé vendredi la gendarmerie nationale dans un communiqué. En trente ans, la population d’anguilles européennes a chuté de 75 %. Ces pêches illégales participe au déclin de cette espèce, considérée comme menacée depuis les années 2000.
Ce sont deux saisies des douanes qui vont mettre les enquêteurs sur la piste du réseau. En 2017, les douaniers d’Arcachon et de Roissy saisissent respectivement 792 kg bruts de civelles destinées à être exportées illégalement vers la Chine et 200 kg de civelles de contrebande en partance pour la Thaïlande. L’enquête est menée depuis quatre ans par les douanes de Bordeaux et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).
Vendus 3.000 à 4.000 euros le kg en Asie
La marchandise était destinée à être exportée illégalement vers la Chine et la Thaïlande, où les civelles portent bien leur nom d’« or blanc » puisqu’elles s’y vendent entre 3.000 et 4.000 euros le kg au marché noir, multipliant par dix le prix de vente pratiqué en Europe.
« La coopération policière au plan européen, via Europol, était également déterminante pour appréhender ce trafic d’ampleur internationale », fait valoir le communiqué qui met en avant les nombreux recoupements nécessaires dans cette enquête. Les douanes judiciaires de Bordeaux établissent qu’un même réseau de trafiquants se cache derrière ces deux saisies et joignent leurs investigations à celles de l’Oclaesp et la brigade nautique de Saintes (Charentes Maritime) qui travaillent également sur ce trafic. Le groupe d’enquête découvre que les civelles récoltées par des mareyeurs français sont transportées en Espagne puis « acheminées vers les pays d’Asie fortement demandeurs de ce produit, via, notamment, des plateformes logistiques installées dans des pays de l’Est (Roumanie, Bulgarie, Pologne) », détaille la gendarmerie.
Le mécanisme de blanchiment a été mis à jour et notamment l’utilisation de sociétés écrans créées en Europe et dans des paradis fiscaux (Irlande, Panama), la complicité de sociétés implantées en Chine et en Thaïlande et le recours à des rétrocommissions par des contrats sur opérations entre l’Afrique et l’Asie.
Neuf mareyeurs et intermédiaires français ont été mis en examen en septembre 2019 puis, cette année, les gérants espagnols d’une société de transport ainsi que l’un des principaux instigateurs, également espagnol.
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