Si « animaux sociaux » vous faisait auparavant penser aux mammifères, la science révèle aujourd’hui que cachalots, baleines, dauphins et otaries pourraient bien ne pas être les seuls à ressentir de l’affection pour leurs congénères. Une récente étude (1) montre, en effet, que les requins pointe noire de récif (Carcharhinus melanopterus) seraient capables de choisir leurs partenaires, non seulement sur des critères physiologiques, mais aussi affectifs !

Des liens sociaux complexes existent entre requins d’une même communauté

Jusqu’à présent, les comportements sociaux des requins ont toujours été expliqués par la « nécessité de survivre », jamais par un choix dûment réfléchi. Or, on vient de montrer que les requins grégaires comme les pointes noires, les requins citron (Negaprion brevirostris) ou encore les requins gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos) tireraient comme bénéfice à la vie en communauté  la possibilité d’interagir spécifiquement avec un ou des individus avec lesquels ils auraient plus d’affinités.

La structure de ces « amitiés » est conduite par des choix actifs individuels. Elle est comparable aux structures sociales complexes que l’on observe chez les lions de mer ou encore les dauphins !

Requin gris de recif

 

La création et le développement de ces liens sociaux sur le long terme pourraient avoir une signification écologique importante dont la compréhension permettrait une meilleure protection des requins. Si le choix de partenaire est défini selon des critères d’appréciation non aléatoires, alors il est possible que, dans une communauté, chaque individu possède un caractère propre et une personnalité unique (éloignant un peu plus les squales des stéréotypes sanguinaires de légendes).

Ces recherches, si elles ont été menées sur des requins grégaires, nous interrogent sur nos connaissances des espèces plus solitaires comme le requin peau bleue (Prionace glauca) ou le requin pèlerin (Cetorhinus maximus).

Leur conservation prend tout son sens quand la découverte de certains mystères vient remettre en question ce qu’on pensait savoir à leur sujet et à celui des océans. Et si, comme leurs homologues polynésiens, les requins de Méditerranée avaient encore de nombreux mystères à nous révéler ?

 

(1) Mourier J, Vercelloni J, Planes S, 2011 : Evidence of social communities in a spatially structured network of a free-ranging shark species.

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