“Notre collectif a choisi de respecter quelques jours de silence après le dernier accident . Pendant ce temps, de nombreux textes appelant au massacre des requins ont été publiés dans la presse . Les commentaires ont montré que les Réunionnais rejetaient massivement ce massacre et les imprudences commises . Vous trouverez ci dessous le communiqué de notre collectif ”
Jean Bernard Galvés
“C’est avec une infinie tristesse que nous saluons la mémoire d’Adrien et présentons à sa famille et amis nos plus sincères condoléances .Nous savons qu’Adrien était quelqu’un de bien et qu’il manquera à tous ceux qui l’ont connu.
Nous ne jugeons pas ceux, qui, au nom de leur passion, veulent transgresser les règles. Nous leur disons : soyez prudents, aucune passion ne mérite que l’on meurt pour quelques instants intenses et vous en aurez tellement d’autres à vivre. Pensez à ceux qui vous aiment.
Personne n’a à l’heure actuelle de solution efficace à cette “crise bouledogue” et ceux qui le prétendent vous ont menti, pour le motif le plus sordide: l’argent.
Le Natal Shark Board , l’étude IFREMER de 1997, les spécialistes des requins et même le Conseil d’Etat disent qu’ “il ne peut y avoir régulation que si les requins sont sédentaires et non remplacés“
Dans un milieu ouvert sur le large, comme la Réunion, les requins tués sont rapidement remplacés par d’autres requins de passage. Il n’y a non pas prolifération mais remplacement au fur et à mesure de leur pêche.Les derniers accidents, après des années d’une pêche intensive, ont démontrés de manière atroce, ce que l’on savait dés le commencement : une pêche de régulation ne sert à rien en milieu ouvert.
La génétique, les observations, et les balises utilisées, nous ont confirmé la circulation des requins entre la Réunion, l’Afrique, Madagascar. Le Natal Shark Board lui même le dit: lorsque les requins circulent, seul un système d’enclos pourrait être efficace. Encore faut il qu’il soit fiable.
Lors du dernier C4R, Monsieur le Préfet a été dans l’incapacité d’expliquer comment la régulation pouvait être possible et efficace dans les conditions de la Réunion, mais fait jeter des millions d’euros d’argent public à la mer.On se contente de l’incantation “la pêche, la pêche” qui doit tout régler. Dans le raisonnement magique, on pourrait tout aussi bien égorger un coq noir.
A la Réunion, prés de 300 requins tigres et bouledogues ont été massacrés sur quelques kilomètres et on a toujours plus d’accidents.D’autres requins ont remplacé au fur et à mesure les requins tués.
Les auteurs de Cap requins n’ont pas cherché une solution. Ils ont juste amorcé une pompe à fric qui ne s’arrêtera que quand il n’y aura plus de requins dans l’Océan Indien. Qu’ils nous expliquent pourquoi, dans le même temps, l’Afrique du Sud en a tué 8 fois moins, sur 10 fois plus de longueur de côte? De plus les quelques requins ont été tués accidentellement, car l’Afrique du Sud relâche systématiquement tous les requins pris vivants depuis 1989.
Pourquoi massacrons nous des requins à La Réunion alors que les Sud africains seraient en sécurité en les relâchant ? Nous avons un problème de bouledogues. Un seul accident en 20 ans a impliqué un tigre attiré par des appâts et déchets.
Pourquoi 6 requins tigres, faciles à pêcher et grands voyageurs , ont ils été massacrés 4 jours avant l’accident et des centaines de kilos d’appâts balancés à la mer ?
Y aurait il une relation de cause à effet ? Personne à Cap requins ne se demande si tuer les tigres et balancer autant d’appâts ne détruirait pas un équilibre et ne faciliterait pas la prééminence des bouledogues.
En plus de cette “régulation” inefficace mais très coûteuse financièrement et écologiquement, on prétend ajouter une deuxième ligne d’appâts prés des baigneurs et surfers, histoire d’en rapprocher davantage les requins. La pêche post attaque de Saint André a pourtant clairement montré qu’un requin attiré par les appâts est resté en surface sans pouvoir être pêché. En toute honnêteté, le nouveau CRPEM, dont la responsabilité pourrait être soulevée en cas d’accident, ne prétend absolument pas avoir la capacité à pêcher tous les requins attirés prés des côtes par les appâts et prises diverses.
On “régule” donc des requins qu’on ne peut pas réguler car ils sont remplacés , on en attire d’autres prés des plages alors qu’on n’est pas certains de les pêcher et on déséquilibre encore plus l’écosystème en massacrant les tigres alors qu’on a un problème bouledogue. Voilà la logique de Cap requins.
Aucun des concepteurs de Cap Requins n’avait de compétences en matière de requins. Tous se sont improvisés spécialistes d’un animal qu’il n’avait parfois jamais vu quand l’affaire est devenue juteuse.
Cette régulation par la pêche est totalement fantaisiste . C’est la délégation anormale d’une mesure de sécurité par l’Etat.
Avec les deux derniers accidents , on en voit le sinistre bilan : la zone où on a le plus massacré de requin au monde ces dernières années sous prétexte de sécurisation est celle où les accidents augmentent !!!
Va-t-on longtemps payer pour ces inepties dont les Réunionnais ne veulent pas et qui déshonorent leur Ile ?
C’est le rejet d’eau usées, le basculement des eaux, le ruissellement lié à l’urbanisation, le rejet des déchets qui ont transformé la sèche côte ouest en milieu aussi favorable aux bouledogues que l’était la côte Est. Il est plus facile d’accuser la réserve et de dérégler encore plus l’écosystème que de traiter les vrais problèmes.”
Jean Bernard Galvès
porte parole du collectif des associations: Aspas,Fondation Brigitte Bardot,Longitude181,One voice,Requin Intégration,Sauvegarde des requins, Sea Shepherd ,Tendua,Vagues,