Les baleines en paix grâce à la mobilisation citoyenne
Le 13 janvier 2025, le préfet de la Martinique autorise une campagne de tirs sismiques de l’IFREMER dans le sanctuaire AGOA, un sanctuaire créé pour protéger les cétacés de Martinique-Guadeloupe. Pire, la mission doit se dérouler en pleine période de reproduction des baleines à bosse et des cachalots.
Une fois de plus, les activités humaines prévalent et le Vivant, même dans un sanctuaire, n’est que valeur d’ajustement. Saisi en urgence par des associations et une mobilisation citoyenne, le tribunal administratif suspend l’arrêté à temps. Il est urgent de faire reconnaître les Droits de l’océan !!

Un arrêté irresponsable
La mission de recherche de l’IFREMER doit utiliser des tirs par canons à air comprimé pour étudier la structure géologique des fonds marins des Antilles. Or, la puissance de ces tirs (plus de 230 Db) est telle qu’elle peut occasionner de graves troubles auditifs aux cétacés dont la vie dépend essentiellement d’une parfaite audition : à la fois pour la communication, l’orientation et la recherche de nourriture. Les troubles peuvent même conduire à la mort.
Cette mission doit se dérouler en partie dans le Sanctuaire Agoa, créé en 2010, justement pour offrir un havre de paix aux 23 espèces de mammifères marins qui fréquentent les eaux de Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ! Pire, elle doit avoir lieu en mars-avril, en plein pic de migration, de reproduction et de mise bas des baleines à bosse et des cachalots, tous deux considérés comme espèces menacées par l’UICN.
Quant aux mesures pour limiter l’impact sur les cétacés, elles sont très insuffisantes. Car la surveillance visuelle des cétacés est impossible de nuit, et inefficace de jour pour ceux qui ne séjournent pas en surface, tandis que la surveillance acoustique ne repère pas les animaux qui n’émettent pas de son (période de repos).

Les tirs du canon à air comprimé produisent des ondes sonores puissantes qui, en rebondissant sur les roches du fond des océans, permettent d’en connaître la structure. Mais elles se propagent aussi dans l’eau et provoquent de graves lésions chez les cétacés.
Le Vivant réduit à une valeur d’ajustement
L’autorisation préfectorale a été délivrée en dépit de la recommandation du comité scientifique du sanctuaire Agoa qui demandait, au minimum, d’éviter la période mars-avril. Clairement, l’agenda du navire de l’IFREMER a prévalu sur celui des espèces marines.
Pourquoi ?
Parce que le Vivant n’a pas de droits… Notre droit, conçu pour encadrer les activités utilitaristes dans l’Océan, ne reconnaît pas l’existence des créatures marines. Le vivant est réduit à la valeur d’ajustement qui ne pèse rien au regard des activités humaines.
Nous avons construit un système juridique qui s’appuie sur la négation de l’existence des autres vivants et qui, ainsi, organise la destruction de l’Océan plutôt que sa protection.

Donnez des droits aux créatures marines !
Cette invisibilisation des écosystèmes marins conduit à leur anéantissement. Pire, les lois qui tentent de protéger le vivant sont constamment contournées au nom des intérêts économiques.
Il est temps de renverser cette logique et de reconnaître à l’Océan un statut juridique qui le protège. Il est temps d’apprendre à respecter les Autres vivants qui nous entourent.
Rejoignez-nous, Signez la pétition pour la reconnaissance des Droits de l’océan, lancée par Longitude 181 et Wild Legal !!
Partagez-la, diffusez-la !
Créez un élan citoyen pour l’océan que nous porterons en juin prochain à la conférence des Nations Unies pour l’Océan.

APPEL POUR LES DROITS DE L’OCÉAN
Nous, signataires de cet appel — personnalités politiques, experts scientifiques, associations et citoyen-nes engagés —, proclamons, à l’approche de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice en juin 2025, la nécessité de reconnaître et de défendre les droits fondamentaux de l’Océan.
Les êtres humains font partie de la communauté vivante de la Planète. Aussi, l’avenir de l’humanité et la préservation des droits humains sont indissociablement liés à l’existence des espèces marines qui ne peuvent prospérer que dans un océan sain.
L’Océan possède une valeur propre, indépendante de son utilité économique. Source de vie et pilier culturel pour de nombreuses communautés côtières et autochtones, il doit être traité avec égards.
La communauté vivante de l’Océan et chaque être marin ont des droits fondamentaux, incluant le droit d’exister, de prospérer, de se reproduire et d’évoluer dans un milieu sain. Ces droits ne s’opposent pas aux droits humains, ils les complètent.
Au niveau international, des avancées nous montrent le chemin. Les avancées constitutionnelles en Équateur pour la protection des droits des Galapagos et des mangroves, la loi pour les droits de la lagune Mar Menor chez nos voisins espagnols, la protection des droits des tortues marines au Panama et bien d’autres victoires pionnières du mouvement dans le monde.
Celles-ci dessinent un nouvel horizon, celui d’une ère de cohabitation harmonieuse entre les humains et l’Océan. Car la reconnaissance de l’existence et de la valeur intrinsèque de tous les membres de la communauté des vivants, ainsi que de leurs droits inaliénables, constitue le fondement de la justice, de la stabilité et de la paix dans le monde.
C’est pourquoi nous lançons un Appel pour l’inscription des droits de l’Océan dans la Déclaration de Nice « Notre Océan, notre futur : accélérer l’action ».
La Conférence des Nations Unies sur l’Océan pourrait ainsi marquer un tournant historique pour la protection de la vie marine et notre avenir commun, en envoyant un message fort pour faire progresser les droits de l’Océan partout dans le monde, renforcer le pouvoir d’agir des communautés côtières et stopper les projets et activités à l’origine des atteintes les plus graves à la santé des êtres marins.
Face aux enjeux qui nous attendent, nous devons être les gardiennes et gardiens de l’Océan, de son intégrité, les protecteurs de sa biodiversité, les artisans de sa prospérité.
Nous appelons chaque personne, organisation et institution publique à soutenir cette proposition, à la partager et à nous rejoindre pour inscrire les
droits de l’Océan dans la Déclaration. L’avenir de l’Océan est notre avenir à toutes et à tous.
Premiers signataires :
Marine Calmet, juriste, présidente de l’association Wild Legal
François Sarano, océanographe, président fondateur de Longitude 181
Véronique Sarano, océanographe, co-fondatrice de Longitude 181
Ville de Marseille en la personne de Sébastien Barles (Adjoint au Maire de Marseille en charge de la transition écologique) et Hervé Menchon (Adjoint au Maire de Marseille en charge de la biodiversité marine)
Didier Réault, vice-Président de la Métropole Aix-Marseille Provence, délégué à la Mer, au Littoral, Président du Parc National des calanques
Eric Giraud & Cécile Arnold, co-directeur/trice Opera Mundi
Rémi Parmentier, directeur du Varda Group, Coordinateur de Let be Nice to the Ocean
Sébastien Mabile, avocat, spécialiste sur droit de l’environnement, président de la commission du droit et des politiques environnementales de l’IUCN France.
Isabelle Poitou, biologiste marin, directrice association MerTerre
Sebastian Copeland, photographe, explorateur polaire, auteur, défenseur de l’environnement
Olivier Dubuquoy, réalisateur, activiste et fondateur de ZEA, pionnier des droits de l’Océan
Gilles Boeuf, biologiste, ancien président du MNHN
Guillaume Thieriot, chef de projet Année de la Mer 2025
Marie-Dominique Poinso Pourtal, Bâtonnière, Barreau de Marseille
Laurent Ballesta, photographe, plongeur, biologiste
Patricia Ricard, présidente de l’Institut océanographique Paul Ricard
Laurent Debas, directeur général et co-Fondateur de l’association Planète Mer
Guillaume Néry, apnéiste, double champion du monde
Morgan Bourch’is, apnéiste, triple champion du monde
Rémy Dubern, apnéiste, champion du monde
Pierre Frolla, apnéite, champion du monde
Philippe Lenfant, professeur en Océanographie Biologique – Université de Perpignan
Gilles Saragoni, ingénieur Plongeur CNRS au centre de formation et de recherche sur les environnements marins
Daniel Delestre, président de la fédération SEPANSO Aquitaine
Katherine Poujol, présidente de l’association Gardez les Caps
Philippe Garcia, président de DMA, Défense des Milieux Aquatiques
Mirko Ronsmans, Groupement des Centres de Plongée Professionnels des Iles d’Or
Eric Feunteun, professeur du MNHN en Ecologie Marine, Directeur d’études cumulant de l’EPHE
Victor David, chercheur IRD en Droit de l’environnement et Droits de la Nature
Sarah Chouraqui, directrice Wings of the Ocean
Stéphan Beaucher. délégué France MedReAct
Stephan Jacquet, directeur de recherche Inra
Patrick Louisy, biologiste marin, fondateur de l’association Peau-Bleue
Antoine Rouillé, écologue, membre du Conseil National pour la Protection de la Nature, membre du Conseil scientifique du patrimoine naturel de Mayotte
Sylvine Aupetit, juriste environnementaliste, présidente de l’association Collec’tif, Nouvelle-Calédonie
Maxime de Lisle, Co-fondateur & Président de Seastemik
Esther Dufaure, Co-fondatrice et directrice de Seastemik
Olivier Adam, chercheur en bioacoustique, Institut Jean le Rond d’Alembert de Sorbonne
Nathalie Beauzemont présidente des Gardiens du Large
Bruno David, paléontologue et biologiste marin
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et La Voix de l’Océan
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