Épisode 8 “Bifurquons !” | Laisser cet endroit plus propre que vous l’avez trouvé !

par | 17 Mar 2025 | Bifurquons !, PODCASTS

Et si nous changions de trajectoire ? Je veux parler de celle qui nous a emmenés dans le mur des multiples crises parallèles, qu’elles soient économiques, politiques, écologiques, climatiques, sociales, internationales et j’en passe. Existe-t-il une autre trajectoire que celle que nous sommes en train de prendre ? C’est ce que je vous propose d’examiner. Bifurquons.

Nous avons pu observer que les solutions pratiques ne manquent pas mais que ce sont nos décisions, nos modèles, notre absence de prise en compte du vivant et nos comportements qui structurent notre société et qui sont les problèmes. Et au niveau comportement n’y aura-t-il pas quelques ajustements à faire ? Car on peut se poser des questions sur la manière dont on garde notre environnement sain et vivable.

Épisode 8 “Bifurquons !” Laisser cet endroit plus propre que vous l’avez trouvé !

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L’appropriation de l’être humain

Imaginez que vous soyez un extraterrestre et que vous observiez la Terre. Il ne vous échappera pas que la surface de la planète est jonchée d‘immondices, que les mers et océans sont des poubelles, que rien n’échappe à notre envahissement, voire notre invasion et que des terres entières sont détruites, polluées, aménagées, stérilement, sans âme, sans vie et que même dans votre voisinage, on fait preuve de peu de retenue pour laisser encombrants matériaux et désordres à vue. De plus, qui n’a pas vu des zones industrielles et commerciales immondes, des friches industrielles laissées pour compte ? Ajoutons-y le moins visible, les sols gorgés de produits chimiques, les terres stériles, sèches et sans vie et les nappes phréatiques polluées. Toutes ces surfaces font l’objet, dans leur grande majorité, d’une appropriation par les humains, communes ou privées.

La gestion des communs = une gestion compliquée

La gestion de nos communs – sols, rivières, mers, océans, forêts – est le plus souvent amputée et fait la part belle en surface à la propriété privée, soit d’individus, soit de personnes morales, entreprise pour la plupart. Il faut dire que la gestion des communs, dès qu’elle est inefficace, trouve la solution facile d’un repreneur à titre privé. Et il faut le dire, gérer des communs n’a rien d’une sinécure. Il faut gérer ensemble. Pas facile, dites donc. Réunir tous ceux qui sont concernés ou impliqués, trouver un consensus, et un mode de gestion qui satisfasse les intérêts de tous, ou de certains en particulier. Compliqué ? Difficile ? Trop coûteux ? Hop, confions cela à une gestion privée, vous allez voir ce que vous allez voir en efficacité, surtout financière, au profit de quelques-uns. Et puis, la nature humaine ayant des travers, si cela doit rester commun ou utilisé par plusieurs, il y a toujours quelques fâcheux indélicats qui trouvent le moyen de polluer ces surfaces. Pas convaincus ? Faites donc un tour sur les abords de routes ou d’autoroutes, un bien commun, à tout le monde et à personne : combien d’immondices se trouvent sur les bas côtés ? Des milliards. Et pour ce qui est de privatiser, on s’y entend bien, et c’est ce que nous faisons depuis des siècles, depuis que la propriété a été érigée en droits individuels, c’est-à-dire depuis la Révolution. Un exemple : la forêt française. En France, trois quarts des forêts sont privées. Le quart restant est public, et se répartit entre forêts domaniales et autres forêts publiques, essentiellement des forêts communales. Avec des complexités en termes d’accessibilité, mais surtout d’évolution non maîtrisée, notamment quand on détruit la biodiversité présente et qu’on la remplace par de rentables alignements d’arbres dans un environnement vide de vie.

La gestion privée face à de nombreux abus

Pourtant, la propriété privée a du bon, du point de vue du petit propriétaire terrien, qui a son cocon, son bout de terre, sa surface, et il est juste qu’il ait un toit sur la tête. Il peut aussi sur un terrain y cultiver son jardin personnel, mais il peut aussi y faire plus ou moins ce qu’il veut, et parfois le pire. Le jardin peut être un dépotoir, et la maison un grand bazar hideux. Et quand cette propriété privée s’étend à des surfaces importantes, le plus souvent, nous en avons créé des structures opaques. Des sociétés immobilières, des entreprises de toutes tailles, des établissements financiers, propriétaires, tous sont des structures anonymes. Elles font en grande partie ce qu’elles souhaitent, sans référer régulièrement à personne. Un exemple : cette chaîne de garage de montage de pneus et de vidanges de voitures, présente un peu partout, qui après 25 ans passés sur un lieu donné, a dû faire face à un incendie. On découvrit une pollution remontant à des dizaines d’années. L’entreprise ayant déversé toutes ses huiles de vidange usées, terrain inconstructible, impossible à dépolluer. Que s’est-il passé ? L’entreprise a reconstruit plus loin, aucune poursuite, prescription pour des faits anciens.

Une recommandation pour les usufruitiers temporaires

Pourtant, dans certaines toilettes publiques, on trouve cette affiche : « Veuillez laisser cet endroit aussi propre que vous l’avez trouvé ». Une recommandation que l’on devrait formuler à tout usager de surface, qu’il soit propriétaire ou usufruitier d’un bout de terre, d’un local, d’un appartement, d’une maison, d’un entrepôt, d’un bureau, de toute surface, dont nous avons pris possession à l’instant ou pour un temps infini. Infini ? Ah tiens, c’est possible ça ? Eh bien non, car il y a un temps où la mort nous sépare et nous n’emportons pas avec nous le lieu qui nous appartenait. Nous ne sommes que des usufruitiers temporaires, jamais des propriétaires éternels. Dûtions-nous être en possession totale et légale du même lieu toute notre vie. La seule chose que nous pouvons transmettre, c’est ce que nous avons obtenu. Et si nous avons un tant soit peu de respect pour la vie, pour ce qui sera après nous, nous devons le faire dans les meilleures conditions, c’est-à-dire transmettre dans un état identique, voire meilleur compte tenu de l’état de notre planète, que celui dans lequel on a obtenu une possession légale. Aussi, je vous demande d’inscrire au fronton de vos propriétés : « Veuillez laisser cet endroit plus propre que vous l’avez trouvé », appliquant bien sûr un état à laisser, où le vivant est plus présent, plus riche, plus résilient aussi, pour assurer une rennité dans la transmission.

Un grand nettoyage pourrait changer la face de notre monde

Si cette règle s’appliquait sur l’ensemble de nos territoires privés, et pourquoi pas communs, si cette règle s’appliquait légalement aux entreprises et autres constructions légales dont nous nous sommes dotés, la face du monde serait changée, moins polluée, moins en désordre, plus belle qu’aujourd’hui, et progressant à grands pas vers une sauvegarde dont nous avons bigrement besoin. Dans chaque activité, posons-nous cette simple contrainte, qui, par la force du nombre peut bouleverser notre cadre de vie. Laissez cet endroit où vous êtes, où vous exercez, quel qu’il soit, plus propre, plus sain, plus vivant que vous ne l’avez trouvé.

Un coup de balai pour un grand nettoyage de notre planète : plages propres, sols et forêts grouillants de vie, lieux d’habitation et de vie réjouissants, un bien commun à l’équilibre. Débarrassons-nous vite de ce qui encombre, enlaidit, freine la vie et accélère l’obsolescence.

Allez, bifurquons.

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