Les 18 et 19 octobre 2024, Longitude 181 a organisé les Rencontres pour l’Océan et le Vivant
Les 18 et 19 octobre 2024, Longitude 181 a organisé les Rencontres pour l’Océan et le Vivant dont le thème est :
Faut-il donner des droits aux espèces marines pour nous préserver tous ?
Avocats, scientifiques, usagers de la mer ont débattu autour de ce thème.
Des Rencontres à la croisée des programmes Voil’Océan et des Droits de l’Océan
L’idée des rencontres fait suite au besoin de reformuler dans les programmes Longitude 181 de manière lisible la nécessité d’agir pour l’Océan, et les moyens à y consacrer, sur la base des changements de paradigme à effectuer à cet effet, afin de susciter des changements dans le cadre d’une politique de transition protectrice des enjeux liés au vivant, et interpeller le monde des décideurs (politiques, dirigeants, décideurs, organismes…) pour une mise en action maintenant et demain.
Croiser les regards sur le vivant, et en tirer une feuille de route pour la préservation et la protection de l’océan. Ces rencontres n’étant ni une conférence environnementale, ni un évènement ouvert, ni un festival.
Il semblait aussi pertinent d’inscrire Les « Rencontres pour le vivant et l’Océan » dans un contexte porteur et un environnement politique et public exceptionnel avec :
- 2024, Année de la mer (post-Jeux olympiques), décrétée par le gouvernement
- UNOC 2025 : ce sommet mondial sur l’océan se déroulant à Nice en juin 2025 est la conclusion de diverses étapes de sensibilisation et de proposition de travaux
Dans ce contexte, les Rencontres pour le vivant et l’Océan sont l’occasion d’une étape méditerranéenne vers UNOC 2025, qui fait suite à la coopération du Parc national de Port-Cros et l’association Longitude 181, et qui fait sens en suite du 60e anniversaire du Parc dans un renouveau de collaboration.
Ajoutons que l’organisation de ces rencontres n’a été possible qu’avec le soutien financier de nos partenaires, respectivement CONDAT, PATAGONIA, la Fondation Nature & Découvertes. Nous saluons le soutien du Parc national de Port-Cros et son directeur adjoint, François VICTOR, pendant l’élaboration de ces Rencontres.
Pourquoi ces rencontres ?
Le droit actuel est fondé sur une idée erronée du fonctionnement des écosystèmes, assimilés à une somme d’espèces juxtaposées et, non aux interdépendances co-évolutives qui font leur résilience. Il est également fondé sur une méconnaissance profonde des Autres Vivants assimilés à des biens-objets ou à des mécaniques, semblables les unes aux autres, qui réagissent de façon réflexe aux stimuli du milieu (réponse innée, absence de décision singulière). Aujourd’hui, les neurophysiologistes et les éthologues reconnaissent que les êtres “sentients” ont une intelligence propre du monde, une personnalité, une analyse personnelle, singulière, des évènements.
Si la réflexion est maintenant engagée pour les êtres sentients, qui ne représentent qu’une frange très étroite des êtres vivants, elle n’est pas amorcée pour les plus nombreux, ceux qui constituent véritablement les écosystèmes. Ce sont par exemple tous les animaux fixés, coraux, gorgones, éponges, alcyonaires, oursins, holothuries, étoiles…, tous écrabouillés par le chalutage de fond. Bien qu’indispensables, ces “millions d’invisibles” sont ignorés dans les politiques d’exploitation, de préservation et de gestion.
Cette absence de prise en compte conduit l’humanité au cœur d’une des plus graves crises du vivant dont elle a peu de chance de sortir indemne sans changement radical de nos politiques publiques à l’égard des autres vivants qui, dans cette période de grand chambardement climatique, sont pourtant nos meilleurs alliés.
Comment mettre en œuvre une politique des “égards ajustés”, si justement pensée et énoncée par le philosophe Baptiste Morizot, qui permettrait d’avancer vers un monde plus résilient, plus vivable, plus enviable ?
Est-il nécessaire de refonder notre droit sur cette juste compréhension des Vivants ?
Une réflexion riche et étendue
Après un état des lieux proposé par Marine CALMET, Juriste en droit de l’environnement, présidente de l’association Wild Legal, Sébastien MABILE, Avocat, spécialiste du Droit de l’environnement, François VICTOR, Directeur adjoint du Parc National de Port Cros et François SARANO, océanographe, président de l’association Longitude 181, ainsi que des interventions de Iona ROBIN (Doctorant en anthropologie-juridique et droit de l’environnement), Gilles SARAGONI (Ingénieur d’étude CNRS – Ecologie Marine()et d’Hervé GLOTIN (directeur Centre International d’Acoustique Naturelle – Université de Toulon) de nombreuses questions ont été débattues , dont par exemple :
- Quelles sont les espèces invisibles et pourquoi sont-elles invisibles ?
- Pourquoi faut-il impérativement les prendre en compte ?
- Comment les prendre en compte ?
- Faut-il donner des droits à toutes les espèces vivantes pour les préserver ?
- Quel autre type de statut ? Quelle autre méthode ? Quel type d’action ?
- Quels changements de paradigmes juridiques, quelles mesures prioritaires proposer ?
- Quelles conséquences sur nos manières d’exploiter la mer ou d’en être les usagers ?
- Quelles conséquences sur notre façon de préserver, gérer (?) les vivants ?
- Quelles conséquences sur notre cohabitation ?
À la croisée des sciences marines, du droit de l’environnement, ces rencontres ont permis un premier exercice de réflexion, déjà amorcée pour les êtres vivants du milieu terrestre, mais balbutiantes pour les créatures du milieu marin, en particulier en raison de la complexité des interdépendances de ses réseaux trophiques et de la spécificité de son exploitation : la pêche, un prélèvement en aveugle archaïque, et dans bien des cas, très peu sélectifs.
Les publications issues de ces rencontres seront diffusées ultérieurement sur ce site. À suivre …
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