Forum Pelagos, pour une protection efficace des cétacés
Faire de Pelagos un vrai sanctuaire pour les cétacés
Dans le dictionnaire, un sanctuaire est un endroit sacré où l’on bénéficie d’une haute protection. C’est ce que Longitude 181 a rappelé lors du 2ème forum Initiative Pelagos qui rassemblait divers acteurs impliqués dans la préservation marine, afin de définir des mesures de protection concrètes pour le Sanctuaire Pelagos. Créé en 1999, Pelagos est un triangle de Méditerranée de 87 500 km2, qui s’étend entre Toulon, le sud de la Corse et le littoral italien au nord de Rome. Dans cette vaste zone, Italie, France et Monaco ont signé un Accord « pour promouvoir des actions et des mesures de gestion harmonisées en faveur de la protection des cétacés et de leurs habitats contre les perturbations et la mortalité liées aux activités humaines en mer ».
Pourtant, 25 ans plus tard, hormis la douzaine de petites aires marines protégées, dont l’exemplaire Parc National de Port-Cros, le sanctuaire Pelagos n’offre aucune protection particulière aux cétacés. Car ces réserves protègent le littoral, alors que les cétacés sont des animaux du large. Ils vivent dans cette vaste zone, la plus riche de Méditerranée, où ils trouvent leur nourriture en abondance, mais où les humains multiplient des activités qui leur sont agressives, voire mortelles.
Dans le Sanctuaire Pelagos vivent 8 espèces de cétacés :
cachalot, rorqual commun, globicéphale, baleine à bec de Cuvier, grand dauphin, dauphin de Risso, dauphin commun et dauphin bleu et blanc.
Quelle sont les menaces ?
Tout d’abord, le trafic maritime intense qui occasionne des collisions (1ère cause de mortalité non naturelle et de blessures graves chez les cachalots et baleines). Ce trafic intense génère, d’autre part, de puissants bruits sous-marins dus aux hélices (cavitation) qui perturbent la chasse des cachalots et des globicéphales. Viennent ensuite la pêche avec des captures accidentelles dans les filets, et les pollutions, notamment aux plastiques.
La pollution acoustique est l’une menaces les moins connues et les plus pénalisantes pour les cétacés.
4 thèmes de discussion
- 1 – Renforcement des Aires Marines Protégées : comment améliorer leur efficacité ?
- 2 – Activités de pêche durable dans le sanctuaire Pelagos : quelles sont les possibilités et les défis à relever d’ici à 2030 ?
- 3 – Pollution acoustique : comment minimiser les niveaux de bruit ?
- 4 – Tourisme durable : comment encourager les activités touristiques respectueuses de l’environnement ?
Les propositions de Longitude 181
Réduire la vitesse des bateaux à 10 nœuds jusqu’à 12 milles des côtes
Longitude 181 a proposé de limiter la vitesse des navires à 10 nœuds dans les eaux territoriales du sanctuaire Pelagos, c’est-à-dire jusqu’à 12 milles nautiques (22 km) au large des côtes, car c’est là que se concentrent la plupart des cétacés (cachalots, dauphins, globicéphales, baleines de Cuvier…). Et, parallèlement, de mettre en place le réseau de bouées de type Bombyx qui a pour but de repérer les cétacés et de signaler leur position aux navires qui seraient à proximité afin que ceux-ci mettent tout en œuvre pour éviter les collisions.
3 bénéfices en 1 mesure :
- La vitesse est responsable des collisions avec les cétacés qui sont la 1ère cause de mortalité en Méditerranée pour les grandes espèces, qu’il s’agisse de navires marchands, de ferries ou de yachts de plaisance. Au-delà de 10 nœuds, le risque de collision est 3 à 4 fois plus fort et généralement mortel. S’ils ne tuent pas, les bateaux infligent de profondes blessures : au moins 10% des cachalots que nous avons identifiés pendant les 4 missions WhaleWay portent des entailles dues aux hélices des bateaux.
- Plus les bateaux vont vite et plus leurs hélices font de bruit sous-marin (cavitation) qui pénalisent surtout les cétacés à dents (cachalots, baleine à bec, globicéphales…) qui chassent leurs proies par écholocalisation (comme font les chauves-souris). Car ceux-là ont besoin de silence pour détecter l’infime écho de leur sonar qui, en se réfléchissant sur leur proie, trahit leur présence. Imaginez chasser dans la nuit des profondeurs, avec pour seule arme l’écho de votre sonar, alors que vous êtes plongé dans une cacophonie qui brouille cet écho. En cause, les navires marchands, les ferries entre Corse et continent, les yachts privés, mais aussi les explosions de la prospection sismique du sous-sol… et les sonars des sous-marins qui patrouillent dans les profondeurs.
- Enfin, plus les bateaux vont vite, plus ils consomment de pétrole et plus ils rejettent de CO2 et de métaux lourds.
Globicéphale
Signaler le sanctuaire sur les cartes marines
Peu de navigateurs connaissent l’existence de ce Sanctuaire qui fête pourtant ses 25 ans, ni l’équipage des bateaux de commerce, ni les plaisanciers ou capitaines de grands yachts. Longitude 181 a proposé que les limites du sanctuaire soient inscrites sur les cartes de navigation, et que des pop-up apparaissent sur les écrans des navires qui franchissent ces limites pour signaler l’entrée dans le sanctuaire, la présence des cétacés et rappeler les mesures à suivre.
Interdire préventivement la pêche des proies des cétacés
Fort heureusement, notre pêche insatiable ne s’est pas encore attaquée aux proies des cétacés de Méditerranée : les calmars Histioteuthidés, les crevettes du krill et les poissons Myctophidés. Mais dans notre quête boulimique de « ressources » de la mer, notamment pour alimenter une aquaculture dévastatrice, la pêche risque de se tourner vers ces nouvelles espèces. Il faut donc, dès à présent, édicter une interdiction préventive de ces pêches dans le sanctuaire Pelagos.
Dauphins bleu et blanc.
Tout a déjà été dit. Depuis des décennies, d’innombrables réunions et articles scientifiques très bien étayés réclament les mesures efficaces qui pourraient être prises.
Il ne manque plus que la volonté politique, dans chacun des 3 pays riverains, pour enfin mettre en place et faire appliquer ces mesures !
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