En résistance pour les requins
Partout dans le monde, les requins sont menacés.
Dans les territoires ultra-marins français (Nouvelle Calédonie, La Réunion), les politiques de gestion du “risque requin” continuent leurs pitoyables dégâts.
La résistance s’organise…
Protéger est un leurre
Toutes les associations de protection des requins sont en échec. Depuis 20 ans, les populations de requins sont systématiquement pêchées, tuées, sous tous prétextes, sans réflexion globale.
Peut-on encore espérer “protéger les requins” ? La réponse est Non. Aucun homme politique ne prendra position pour la protection des requins. A l’heure où les loups risquent de perdre leur statut d’espèce en danger, où la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts est reconduite quasi à l’identique par le gouvernement, où le thème de la sécurité est récurrent dans les discours politiques, qui se risquerait à défendre le requin ? Aucun représentant du citoyen, député, sénateur ou fonctionnaire, ne s’y risquerait au risque de perdre sa crédibilité au premier incident sécuritaire.
On ne verra pas de statut de protection en France, ni dans les départements d’outre-mer. Quant aux territoires d’outre-mer tels que la Nouvelle Calédonie, qui y avait instauré une protection totale, les brèches dans cette dernière sont désormais bien ouvertes (voir notre article “brèche ouverte dans la protection des requins”) .
L’Europe ? Aucune attente, ni attention de ce côté- là, pour les mêmes raisons politiques et sécuritaires. Alors que faire ? Résister !
Des exemples sur plusieurs fronts
Rappelons qu’en 2007, la pétition papier initiée par LONGITUDE 181 a permis d’obtenir le premier moratoire sur la pêche des requins et des raies en Polynésie, une cause gagnée et entendue par le gouvernement polynésien pour le bénéfice local des populations et de la biodiversité abondante de ses eaux. Seize ans plus tard, si des problèmes existent à la marge, la résistance tient bon !
Bien sûr, le temps de la pétition papier n’est plus celui d’aujourd’hui.
Et d’autres fronts se sont ouverts.
Le plus récent : La Nouvelle Calédonie
On se rappelle que, dans la Province Sud de la Nouvelle Calédonie, les requins bouledogues et les requins tigres ont été retirés de la liste des espèces marines protégées. Les associations locales, et Longitude 181, ont essuyé des revers juridiques face à un comportement politique de destruction effrénée et injustifiable, à un rythme encore jamais vu, après trois attaques dont une mortelle en février. Le résultat : en 2023, 127 requins, dont 44 bouledogues et 83 tigres, ont déjà été pêchés. Au total, depuis le début des campagnes, qui ont été lancées en 2019, ce sont 203 squales (98 bouledogues et 105 tigres) qui ont été prélevés, selon les chiffres officiels.
Mais, l’obstination et la résistance ont payé : saluons ici la double victoire de l’association Ensemble pour la planète qui, localement, a obtenu la suspension des campagnes d’abatage à Nouméa, après une première suspension dans les aires de gestion durable.
Les batailles menées localement payent, pied à pied, espace après espace…
Le plus ancien : la Réunion
Depuis plus de 12 ans, le conflit entre associations de protection et politique de pêche, dite de “prévention”, est patent.
On notera la cécité des autorités : alors que le requin tigre n’a été responsable que d’un seul accident depuis plus de 12 ans, le nombre de requins tigres tués est de 532, soit 75% du nombre total de requins capturés ! Soulignons également la disproportion géographique, puisque la Réserve Naturelle Marine de la Réunion est l’un des lieux de captures historiques des requins.
Là encore, saluons l’obstination, la constance qui a permis de freiner les velléités destructrices et complices, permettant au collectif “Requins en danger à La Réunion”, animé par Didier Dérand, d’obtenir 3 victoires juridiques en 3 ans : suspension et annulation de pêche en zone de protection forte de la réserve.
La résistance est toujours présente, la bonne nouvelle, c’est qu’elle se mutualise.
Comparaison, Mutualisation et Exemplarité
Une victoire gagnée en Nouvelle Calédonie, dans le cadre du programme d’abattage engagé à l’intérieur des aires de gestion durable, est inspirante pour obtenir l’arrêt complet de la destruction des requins à la Réunion, au moins à l’intérieur de la Réserve marine.
La position exemplaire de la province des iles Loyauté qui ont récemment attribué une personnalité juridique aux requins est susceptible de faire réfléchir sa provinces voisine, pourfendeuse de requins. De même, l’exemplarité dans la durée de la protection en Polynésie montre qu’une autre voie est possible.
La position publiée récemment par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) le confirme: ci-après un extrait de ses principales conclusions :
« Avant d’envisager la mise en œuvre de mesures d’atténuation des interactions homme-requin impliquant des approches létales en réponse à une morsure de requin, il est essentiel d’examiner en profondeur la situation et les causes potentielles des interactions dans une zone donnée. Le recours à des méthodes létales pour gérer le risque de morsures de requin est une mauvaise solution compte tenu de leurs impacts environnementaux et de leurs coûts économiques considérables par rapport aux autres méthodes non létales disponibles aujourd’hui. Encourager des comportements plus sûrs chez les personnes qui s’intéressent à l’océan est susceptible d’avoir un impact plus important sur les conflits entre l’homme et la faune. Sur la base des preuves existantes, l’utilisation d’approches non létales pour atténuer les morsures de requin est l’option de gestion privilégiée. »
Longitude 181 et les collectifs locaux ne sont pas dupes des difficultés à surmonter : nous continuerons, par les actions en justice en cours, à œuvrer pour la protection des requins, pour consolider une résistance dans des “mer-territoires” qui nous sont proches, même loin des yeux.
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