[Droits de l’Océan] – De la civelle à l’anguille …

De la civelle à l’anguille

Souvenez- vous : en Juin 2021, nous nous portions partie civile dans une affaire de trafic international de civelles (nom donné aux juvéniles des anguilles), portant atteinte à une espèce marine protégée qui fait le lien entre les écosystèmes marins et terrestres. Le temps passe et l’on pourrait se démoraliser devant la lenteur de la justice. Mais, à bien y regarder, les choses avancent : ainsi en septembre 2023, les protagonistes d’un trafic d’alevins d’anguille ont été condamnés à de lourdes amendes par le tribunal des Sables-d’Olonne (Vendée). Deux mareyeurs et un pêcheur sont condamnés à de la prison ferme pour des faits ayant eu lieu entre 2015 et 2018 !

Nous restons donc confiants, patients, et continuons à surveiller l’évolution des dossiers ayant trait aux civelles. Une espèce emblématique, entre eaux douces et eaux de mer. Les civelles devenant ces anguilles si prisées et si rares… qui méritent aussi notre attention !

En parallèle, en septembre 2022, nous interpellions, avec d’autres associations, le gouvernement français sur le dossier de la sauvegarde, de la protection et de la restauration de la population d’anguilles en Méditerranée.

Pourquoi  ?

En 2021, la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) a renforcé les mesures transitoires de gestion de l’anguille européenne, notamment en établissant une interdiction totale de la pêche récréative et en étendant les fermetures temporelles, devançant ainsi l’ensemble de l’UE. Compte tenu du fait que les niveaux de recrutement les plus bas jamais enregistrés en Méditerranée ont été atteints, la CGPM a également prévu d’évaluer la mise en oeuvre de mesures supplémentaires en 2023, y compris une interdiction totale de la pêche à la civelle.

Où en sommes nous aujourd’hui ?

L’insuffisance des mesures actuelles

Selon le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM), le recrutement des civelles (apport de nouvelles civelles au stock existant) n’a cessé de diminuer pour atteindre des niveaux très faibles (de 0,5 à 10% par rapport aux périodes de référence, selon les régions), soit les niveaux les plus bas jamais enregistrés en Méditerranée. Pour 2023, le CIEM a indiqué que « lorsque l’approche de précaution est appliquée, les captures devraient être nulles dans tous les habitats en 2023. Cela s’applique à la fois aux captures récréatives et commerciales et inclut les captures de civelles pour le repeuplement et à l’élevage. »

Et maintenant ?

En 2023, les associations réitèrent leurs demandes

Longitude 181, Bloom, France Nature Environnement, Des Requins et Des Hommes, FishSec, MedReAct, Oceana et Seas at Risk appellent Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer, et Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, à promouvoir un moratoire sur la pêche à la civelle (anguille juvénile) dans tout le bassin méditerranéen — en prolongement des dispositions françaises existantes.

Cet appel (voir  le communiqué de presse ) est lancé à quelques semaines de l’assemblée annuelle de la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) qui se tiendra à Split du 6 au 9 novembre 2023.

En attendant, ce samedi 30 septembre, le chef Olivier Roellinger, parrain de l’association Ethic Ocean, a lancé un vibrant appel pour sauver l’anguille, exhortant les chefs français et du monde entier à cesser de cuisiner l’anguille tant que l’espèce ne s’est pas rétablie.

Sur 100 anguilles qui vivaient chez nous dans les années 1980, il n’en resterait plus que 5.

STOPPONS  LA CONSOMMATION DES ANGUILLES !