Cachalots : première mission en Méditerranée !

Les missions WhaleWay

Le volet méditerranéen du programme « La Voix des cachalots » de Longitude 181 a débuté en juin 2022 avec la première mission « WhaleWay ». Ce volet complète notre étude des cachalots de l’île Maurice qui vient de publier un 4ème article scientifique consacré aux cartes d’identité très précises que nous réalisons grâce à l’observation sous-marine. 

Enregistrements sonores et cartes d’identité

Les missions WhaleWay sont basées sur les écoutes sous-marines avec l’enregistreur à 5 micros, mis au point par l’équipe de Hervé Glotin de l’université de Toulon (photo ci-dessous). Grâce aux clics que les cachalots émettent régulièrement pour chasser par écholocation, nous pouvons suivre les plongées de chacun d’eux et déterminer les caractéristiques individuelles de ses clics. Les missions s’appuient bien sûr aussi sur des cartes d’identité, aussi précises que celles réalisées à l’île Maurice, afin de retrouver les cachalots au fil de nos expéditions (et aussi de les rechercher dans les catalogues déjà réalisés en Méditerranée). L’un des objectifs est de retracer la journée d’un cachalot, ses plongées, ses déplacements en Méditerranée au fil des saisons et des années, et de mieux comprendre la dynamique de la population de Méditerranée.

L’espoir d’une coopération à l’échelle de la Méditerranée

Symboliquement, le premier cachalot identifié a été baptisé Efkaristo (« merci » en grec). Afin de retracer son histoire, nous lançons un avis de recherche à toute personne qui aurait déjà croisé sa route. Nous espérons ainsi initier une coopération au sein des associations qui étudient les cétacés en Méditerranée. En effet, la « recapture » d’individus (c’est-à-dire le fait de revoir un individu), que ce soit par photo-identification, par analyse génétique ou par reconnaissance de signature sonore, est un élément essentiel de la compréhension des sociétés de cétacés et du suivi de l’évolution des populations.

Dans un espace aussi vaste que la Méditerranée, il est très difficile de réaliser tout au long de l’année des recaptures régulières, faute de moyens importants à la mer. En revanche, la coopération de tous les observateurs qui sillonnent la Méditerranée autorise l’espoir de, enfin, comprendre la distribution dans l’espace/temps des individus et des clans, la ségrégation femelles/mâles et l’évolution générale de la population.

Raconter l’histoire de chaque cachalot

L’analyse fine des clics de Efkaristo indique un IPI (Inter Pulse Interval) de 3,6 millisecondes, ce qui, en comparaison des cachalots de l’île Maurice, correspondrait à un jeune mâle d’une dizaine d’années – les femelles de cette taille étant rares. Une première hypothèse qui doit être, bien entendu, vérifiée. Efkaristo était en compagnie de 2 autres cachalots, Janus et Trinacria, un peu plus âgés. Mais le plus formidable est que nous avons observé à nouveau Janus pendant cette mission et que nous l’avons reconnu, à la fois grâce aux taches blanches qui parsèment ses flancs (indiquées sur sa carte d’identité), mais aussi grâce à son IPI !

Bien que distinct du programme mené à l’île Maurice, WhaleWay permettra de compléter avantageusement nos connaissances sur les cachalots, car nous étudierons principalement les groupes de mâles subadultes, très présents dans la partie nord de la Méditerranée. En effet, ces jeunes mâles, qui ont quitté leur clan maternel, sont absents des eaux de l’île Maurice où nous n’observons que des grands mâles reproducteurs.

Rendez-vous en octobre, au retour de la 2eme mission WhaleWay !!