One Ocean Summit : l’incompréhension
Ce premier sommet mondial pour l’océan a eu le mérite de réunir chefs d’État, délégations gouvernementales, patrons de grandes entreprises et ONG autour de l’Océan malade qui ne suscite que rarement l’intérêt. Au-delà de ce bon point, quelle désillusion !
Quand nous disons « Océan » nous, ONG, plongeurs, pensons aux créatures marines qui le peuplent. Quand les politiques disent « Océan », ils pensent ressources à exploiter, services rendus par le vivant, statistiques et dollars…
Réunis au chevet de l’océan malade…
Magnifiquement organisé par l’équipe de Olivier Poivre D’Arvor, ce premier sommet mondial pour l’océan a eu le mérite de réunir une trentaine de chefs d’État, une centaine de délégations gouvernementales, de patrons de grandes entreprises et d’ONG autour de l’Océan malade qui ne suscite que rarement l’intérêt.
Au-delà de ce bon point, quelle immense déception. Tout ça pour rien !
Pire, le sentiment d’avoir été floué. La désagréable impression que, en même temps qu’il annonçait l’envoi des quelques infirmiers sur le champ de guerre, le général Macron lançait ses bombardiers pour parachever le massacre. La raison du malentendu ?
Les mots n’ont pas le même sens pour chacun.
Partage de l’océan ou dépeçage ?
Quand nous, ONG, pensons « partage de l‘océan », nous entendons offrir une place à chacun de nos coloca-Terre, humains et non-humains, pêcheurs et créatures marines. Quand les financiers et chefs d’État utilisent le mot « partage », ils entendent dépeçage de la proie mourante pour mieux s’en repaître légalement entre eux.
Quand nous, plongeurs et gens de mer, disons « Océan », c’est à un monde peuplé d’êtres vivants que nous pensons. En revanche, les hommes politiques et les grandes entreprises semblent voir d’abord les dollars du grand bleu, la Blue Economy. Les priorités s’inversent : nous pensons « sauver des espèces », ils pensent « revenus nouveaux avec de nouvelles espèces ». Ils semblent jouer au Monopoly avec un océan théorique qu’ils ne connaissent qu’à travers des statistiques et qu’ils voient comme un nouvel El Dorado à exploiter.
L’exploration qui ouvre la voie à l’exploitation
Et lorsque le président Macron exhorte à décupler « l’exploration » des profondeurs océaniques sous prétexte « qu’on ne protège que ce que l’on connaît », son discours nous renvoie quelques siècles en arrière, lorsque l’exploration de l’Afrique ou de l’Amérique a précédé l’exploitation forcenée et la vampirisation de leurs forêts, minéraux et métaux, au mépris de tout le vivant, humains compris.
Sommet inutile s’il n’est pas pour les créatures marines
Inutile de renouveler ces réunions pour l’océan, tant qu’elles ne seront pas faites pour lui mais pour les prédateurs. Tant qu’elles ne seront pas envisagées pour limiter nos agressions et accueillir les Autres, mais pour encadrer légalement les ravages de l’exploitation, il n’y aura aucun espoir d’offrir à nos enfants un océan riche de sa diversité vivante et un monde de paix.
François Sarano,
Fondateur de Longitude 181
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