Longitude 181 réagit à la lettre ouverte, très juste et très belle, écrite par l’apnéiste Audrey Dubern, à propos du requin renard qui a été dépecé et vendu sur l’étal d’un poissonnier à Lyon. Ce mot n’aurait pas dû être, tant l’élégant texte d’Audrey dit parfaitement les raisons profondes qui auraient dû empêcher cette vente. Longitude 181 a lancé la campagne citoyenne « Pas de requin dans mon assiette » pour que chacun se l’approprie. Son but : que chacun explique autour de lui que tous les requins sont menacés d’extinction, que chacun réussisse à convaincre qu’il ne faut plus consommer de requins, au-delà des règlements et gestions des pêches qui ont tous démontré leur faillite.
« Pas de requin dans mon assiette » est un engagement personnel à ne pas contribuer à la destruction des requins.
Longitude 181 a lancé, il y a 5 mois, la campagne « Pas de requin dans mon assiette », « Pas de requin dans mon restaurant » et « Pas de requin dans ma poissonnerie » qui s’adresse plus spécifiquement aux poissonniers. Cette campagne est un appel citoyen. Un appel à s’engager personnellement à ne plus consommer ou vendre de requins qui sont quasiment tous en danger d’extinction. Il est du même ordre que le « Lundi vert », l’appel à ne pas consommer de viande le lundi et à diminuer sa consommation, pour que le monde change. Il n’est pas interdit de consommer de la viande, mais chacun peut s’engager personnellement à réduire sa consommation pour ne plus contribuer aux ravages provoqués par les élevages intensifs. Chacun peut aussi expliquer à ses amis les raisons pour lesquelles il a pris cet engagement.
requin renard
Le changement ne se fait pas sous la menace, mais parce que l’on est convaincu que ce que l’on fait est juste.
C’est ce qu’a fait magnifiquement Audrey qui s’est approprié cette campagne citoyenne et a ajouté ses arguments à ceux de Longitude 181. Pourtant, son plaidoyer clair et bienveillant, a suscité des réactions haineuses à l’égard du poissonnier, des réactions ni justifiées, ni porteuses d’avenir paisible.
On ne réussit que dans le dialogue. Le changement ne se fait pas sous la menace ni sous la contrainte de règles inefficaces, car on trouve toujours une faille qui permet de les enfreindre. Le changement se fait parce qu’on est convaincu qu’il apporte un mieux, un mieux pour ses enfants, pour les autres, un mieux pour demain ; parce que l’on est convaincu que ce que l‘on fait est juste et non pas parce que c’est la règle.
Le changement n’appartient à aucun leader messianique, mais il appartient à chacun de s’engager en conscience.
« Pas de requin dans mon assiette » est une campagne citoyenne que chacun doit s’approprier, pour que, comme Audrey, chacun prenne à son compte la responsabilité du changement. Il ne faut pas attendre un leader messianique, un sauveur sur lequel se reposer pour que les choses aillent mieux. La direction du changement n’appartient à personne, à aucun leader, à aucune association, à aucun parti politique. Mais il appartient à chacun de réfléchir, en conscience, à ce qu’il peut faire pour que le monde, auquel nous appartenons tous et que nous avons en gérance, aille mieux.
Le poissonnier concerné a répondu à cet appel en remerciant publiquement l’intervention bienveillante d’Audrey, et en saluant cette approche. Il s’est ainsi engagé à modifier ses pratiques et à soutenir la campagne.
Requin renard, une espèce très fragile, qui n’est protégée par aucun interdit…
Rappelons que le requin renard, comme par ailleurs les petits requins vendus sous le nom de « saumonette », (émissoles, requin hâ) n’est pas une espèce protégée : sa pêche comme sa vente ne sont pas interdites… Le poissonnier n’a commis aucune infraction, il respecte la règle ! Ce n’est pas pour autant que la vente du requin renard ou de tout autre requin est une bonne chose.
émissole tachetée
La gestion actuelle, une gestion de pénurie qui ne permettra jamais le retour à l’abondance originelle !
Mais les règles et le système de gestion actuels ont largement démontré leur faillite, et pas seulement pour les requins. Ils gèrent les reliquats d’une abondance révolue et ne permettront jamais de retrouver l’abondance originelle : un océan peuplé d’innombrables créatures. Toujours en retard d’une guerre, ils ont mené la plupart des espèces au bord de l’extinction – en Méditerranée en particulier –
Ainsi, le requin bleu, pourtant l’un des requins les plus prolifiques, est directement passé en 2016 de « espèce vulnérable » à « espèce en danger critique d’extinction », ce qui est le stade ultime dans l’échelle d’évaluation faite par l’IUCN pour la Méditerranée, tant il est pêché. En dépit de cette situation catastrophique, il n’est toujours pas interdit à la pêche et à la vente !… On le retrouve régulièrement sur les étals.
requin bleu
Quant à la gestion des espèces vendues sous le nom de « saumonette » (émissoles, requin hâ), elle n’est pas à la hauteur des enjeux. Elle ne permettra jamais de retrouver l’abondance que nous avons connue, il y a une cinquantaine d’années.
Les mesures de gestion actuelles gèrent la pénurie et évitent la catastrophe définitive.
Est-ce acceptable, devons-nous nous en contenter ?
« Je savais, mais je n’ai rien fait… »
Oserons-nous dire à nos enfants : « j’ai profité d’un monde riche, j’ai plongé dans une Méditerranée poissonneuse, j’ai eu la joie bouleversante de nager avec les requins et les baleines… Navré, je ne peux pas vous les transmettre, je les ai mangés, je les ai détruits ! Par caprice, par insouciance, je les ai laissé partir. Pire, je savais que nos mesures de gestion n’étaient pas à la hauteur, mais je n’ai rien dit, je n’ai rien fait, je me suis contenté de suivre la règle… Navré, il reste quelques miettes, vous devrez vous en contenter ! »
Nous voulons offrir à nos enfants l’abondance ordinaire de la nature !
Nous ne voulons plus de cette gestion catastrophique, alors qu’il est si simple de changer.
Nous voulons offrir à nos enfants une mer riche de tous ses habitants, requins compris.