80% des sacs et objets plastiques ne sont ni triés, ni recyclés. On en compte plusieurs millions de tonnes qui polluent les océans et le nombre de déchets retrouvés en mer augmente de 40% chaque été avec le tourisme. Conséquences : une dégradation des biotopes et la mort précoce de milliers d’animaux marins. Une récente étude démontre que chaque débris, particulièrement les plus petits, participent au réchauffement climatique…
De la bouteille de soda en passant par les ustensiles de cuisine, les pièces de voitures, les revêtements, les cosmétiques, les vêtements ou les emballages souples, notre vie est entourée par le plastique. Rappelons-le, les matières plastiques sont des matériaux synthétiques ou artificiels, produits chimiques majoritairement issus de l’industrie pétrolière (mais aussi du gaz et du charbon) depuis la seconde guerre mondiale, qui peuplent notre quotidien depuis plus de 100 ans.
De l’utile au polluant…
La production mondiale de plastique augmente chaque année de près de 3% pour faire face aux « besoins », aux avancées technologiques et remplacer les matériaux trop lourds, soumis à la corrosion. Sa consommation ne cesse de croître : aux Etats-Unis, 500 millions de pailles sont jetées tous les jours après une seule utilisation et 8,8 millions en France… Même si des progrès notables ont été fait notamment dans le recyclage des matériaux et de leur biodégradabilité, de nombreux éléments, les plus petits ou les plus légers en particulier, sont encore transportés par le vent, pour finir, de proche en proche, dans l’Océan. Selon leur composition, ils mettront entre 100 et 1000 ans pour se décomposer. Chaque année, 8 millions de tonnes de pastique achèvent leur course dans les océans. 80% du plastique retrouvé en mer provient donc de sources terrestres (20% de la pêche, de l’aquaculture et du trafic maritime). Sous l’effet des UV, ces macrodéchets se fragmentent progressivement en micro plastique (particules inférieures à 5 mm).
Du physique au chimique…
Outre la pollution visuelle importante, qui a conduit à découvrir le 7ème continent, (vaste zone de convergence formée par les courants marins, en plein pacifique au départ, ou les plastiques se retrouvent confinés), on parle rarement de la pollution chimique que ces déchets engendrent : celle des adjuvants et additifs ajoutés lors de leur fabrication, tels les bisphénols et les phtalates, identifiés comme perturbateurs endocriniens. Les espèces marines ingèrent les matériaux plastiques, stockent puis excrètent une partie de ces substances. Leur accumulation se retrouvera alors dans toute la chaîne alimentaire. Ceci se rajoutent aux menaces réelles d’étranglement et d’occlusion intestinale qu’elles subissent lors de leur absorption, et à la pêche fantôme (filets de pêche perdus dans les fonds marins), qui sont autant de pièges pour décimer la biodiversité. Ces îlots de plastique sont des transports de choix pour la « la plastisphère » (organismes associés au plastique), et les espèces invasives deviennent un véritable danger pour l’équilibre des écosystèmes qui les accueillent.
Du chimique au climatique…
Comme si la punition n’était pas suffisante, la découverte récente de Sarah-Jeanne Royer, océanographe à l’université de Hawaï est alarmante. Tous les déchets micro plastiques, sous l’effet du rayonnement solaire, génèrent des gaz à effet de serre : du méthane et de l’éthylène. Le produit le plus consommé au monde, le polyéthylène (retrouvé dans les flaconnages, les bouteilles, les emballages, les récipients souples, les implants chirurgicaux, les équipements sportifs, les produits souples comme les sacs poubelles, les rubans adhésifs…), serait celui qui créerait le plus de méthane (durée de vie de 12 ans dans l’atmosphère) et d’éthylène (précurseur de l’ozone). « Plus c’est petit, plus la surface de contact est élevée et plus il y a de gaz produit » affirme la scientifique. Il lui reste maintenant à quantifier les gaz émis et à évaluer précisément le rôle du plastique dans le réchauffement climatique de notre planète. Avis aux sceptiques qui pensaient que les produits en plastique ayant remplacé des produits en matériaux classiques contribuaient à économiser l’énergie et à réduire les émissions de gaz à effet de serre…
Du catastophique à l’espoir…
Heureusement, pour pallier aux 300 millions de tonnes de produits en plastique fabriqués chaque année dans le monde, des initiatives existent, collectives ou individuelles. Pour exemple, en 2015, une équipe japonaise a dévoilé une piste inattendue en identifiant une espèce de bactérie capable de décomposer un type de plastique (étude publiée dans la revue « Science »), bien que limitée par la température nécessaire à la réaction. Yvan Bourgnon, navigateur, a imaginé un catamaran révolutionnaire conçu pour collecter les déchets plastiques dans les océans. Le gouvernement français va lancer en 2019, un « Bonus-Malus » sur le plastique. Il sera plus cher d’acheter des produits en plastique quand celui-ci n’est pas recyclé, a affirmé dimanche 12 août, Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire.
Ensemble, faisons en sorte que d’ici 2050, il n’y ai pas plus de plastique dans les océans que de poissons…sinon nos étals pourraient bien ressembler à ceci :